3615 Usul – La culture
Fameux épisode de cette fameuse chronique... Mais
Internet semble vouer toute pensée à sa disparition : les épisodes d'Usul
disparaissent peu à peu. Voilà pourquoi nous nous proposons de donner une
transcription écrite de l'épisode, destinée à mieux résister au temps.
-
Oh, moi je jette mes mégots dans la rue, par terre, je
m’en fous.
-
Ouais d’ailleurs je me disais, au fait, comment
t’arrives à bien rendre ce côté intello dans les vidéos, parce que moi à côté,
j’ai l’air de Patrick Sébastien, en
fait ?
-
Ah… Ben, écoute : (chanté) la culture, c’est tout simple …
-
Ah non, pas en chanson, s’il te plaît !
(Silence)
(Jingle
d’introduction)
En effet il
y a deux sortes de jeux vidéo, ceux qui
enrichissent notre culture, et les autres. Alors bien entendu il va être
question ici de la culture classique, la culture bourgeoise, celle qui aide à
avoir de bonnes notes à l’école et à être bien vu de ses contemporains, admiré
de la plèbe, respecté, voire craint des patriciens.
(images de Caesar III)
Bien sûr,
on pense en premier lieu à ces jeux aux références historiques marquées et au
background
documenté, tel la série des Caesar,
des Total War et évidemment à Civilisation et sa fameuse civilopédie,
énorme base de données remplie d’informations sur les peuples, les
technologies, l’histoire des idées... Les plus pointus lui préféreront
l’exhaustif Europa Universalis, le
très pointu Hearts of Iron, ou le
scrupuleux Crusader Kings.
Ces jeux
ont tout de même en commun d’être destinés à un public de passionnés qui sera
ravi d’y trouver un appoint satisfaisant à sa culture historique. Mais les jeux
qui vous nous intéresser ce jour sont les jeux qui s’adressent au grand public,
qui ne requièrent pas une culture d’expert ou un goût prononcé pour les choses
de l’histoire.
(1 minute 23)
(images de Versailles)
Peut-être
avez-vous connu cette série de point’n click pc
censée nous apprendre plein de trucs sur l’histoire comme Égypte, Versailles ou Venise ? Eh bien ces jeux étaient
un peu l’archétype du jeu pour les papas des années 90. Pour ces papas, les
jeux vidéo, c’étaient les trucs bruyants de toutes les couleurs, auxquelles
vous perdiez des après-midi entières sur la télé du salon. Mais sur pc, là
c’était des jeux pc, ce n’était plus des jeux vidéo, ça allait, surtout si cela
se voulait culturel.
(Sortie d’Usul, entrée de Dorian)
(Musique énigmatique)
-
Alors, regarde, c’est génial, ça s’appelle Lascaux. Tu
sais où ça se passe ?
-
Dans l’espace ?
-
Alors, là, ça doit être une énigme… J’ai un silex, je
clique…
-
Pff, mais c’est chiant comme Drucker ton truc.
-
Ah, ah, regarde, j’ai trouvé une poterie ! Je
peux la briser avec mon marteau rudimentaire. C’est passionnant le paléolithique.
Tu vois qu’on peut apprendre en s’amusant.
-
Mmh. (Dorian
sort)
-
Tiens, un homme de Neandertal. Et … et si je clique
sur la bouche, je peux lui parler !
-
(de loin,
en voix off) Bien ta grotte ?
(Retour d’Usul)
Cependant, avouez que ceux qui s’intéressent à ces jeux sont rarement
ceux qui ont le plus à en apprendre. Pour
draguer un public plus large, il faut l’appâter avec autre chose qu’avec des
dialogues relou et des dates exactes. Il faut lui donner du jeu, du bon jeu, du
gameplay. Par exemple, pour ce qui est de la mythologie grecque, God of War en a beaucoup plus appris à
beaucoup plus de monde que n’importe quel point’n
click chiant sur la guerre de Troie ou l’Odyssée d’Ulysse.
(Dorian assis derrière un bureau)
-
(voix off d’un
professeur) Alors, en vous appuyant sur des passages du texte de
Chrétien de Troyes extraits de Lancelot, Le Chevalier à la charrette et sur vos
connaissances personnelles, vous …
-
(voix de
Dorian avec de la réverbération, pour mimer le courant de ses pensées) Oh putain,
moi, mes connaissances personnelles sur Lancelot, ça ne va pas plus loin que
Kamelot, hein...
Je peux peut-être me charger un épisode sur mon téléphone si j’arrive à être
assez discret.
-
Chandelier ! Vous croyez peut-être que je ne vous
vois pas ! Vous comptiez peut-être sur mon strabisme divergent ou sur ma mansuétude
naturelle ?
-
C’est pas faux.
(Usul)
Voyez ce pauvre Chandelier, bien en peine de remplir sa copie double … Eh
bien pourquoi ne se réfèrerait-il pas tout simplement aux invocations de Final Fantasy ?
-
(Dorian) J’invoque
les chevaliers de la Table Ronde ! (vidéo de Final Fantasy) Viens à moi, culture classique !
-
Chandelier, ça suffit, vous sortez !
4 minutes
Celui qui aura pris la peine de s’intéresser à l’origine des noms propres
dans Final Fantasy, n’aura pas manqué
d’être surpris d’y trouver parfois des références classiques assez pointues.
-
Ça, c’est ce que disait Heidegger dans Être et Temps.
Enfin, j’imagine que ça ne vous dit rien, Heidegger ?
-
(Dorian lève la main) Moi, je sais, Heidegger c’est un
type de Shinra dans FF VII.
Et il n’y a pas que Heidegger : Final Fantasy nous aura rendu familier avec beaucoup de figures
mythiques marquantes, telles Shiva, Bahamut, Odin,
Gilgamesh, Siegfried, Léviathan, autant de noms qu’on retrouvera, amusé, dans Les milles et une nuits, le Mahabharata
ou L’Ancien Testament, autour de
récits fondateurs de la culture humaine. Plus simplement, on peut penser aussi
aux Cyclopes, aux Méduses, aux centaures ou aux Minotaures, à ces monstres qui
peuplent notre imaginaire collectif depuis des millénaires, et qu’on retrouve
dans les romans, les poèmes, les œuvres dramatiques. Ils sont autant de
références que l’on peut être heureux de partager avec nos ancêtres les plus
lointains, nos prédécesseurs les plus illustres …
-
Chandelier !